Kouchyar SHAHROUDI
Flûtiste et compositeur
Kouchyar SHAHROUDI
Flûtiste et compositeur
Écoute ! Le ney raconte son histoire.
Il se lamente : «Depuis qu’on m’a coupé de la jonchaie,
ma plainte fait gémir l’homme et la femme.
Je cherche un cœur déchiré par la séparation
pour y verser la douleur du désir.
Quiconque demeure loin de sa source
aspire à y être de nouveau uni.
Moi, je me suis plaint partout,
je me suis associé à ceux qui se réjouissent
comme à ceux qui pleurent.
Chacun m’a compris selon ses propres sentiments,
mais nul n’a cherché à connaître mon secret.
Mon secret pourtant n’est pas loin de ma plainte,
mais l’oreille et l’œil ne le perçoivent pas.
Aucun voile ne sépare l’âme du corps ;
cependant nul ne peut voir l’âme».
C’est du feu, non du vent, le son de la flûte :
que s’anéantisse celui à qui manque cette flamme !
C’est le feu de l’Amour qui est dans le roseau,
c’est l’ardeur de l’Amour séparé de son Ami :
ses accents déchirent nos voiles.
Vit-on jamais poison et antidote comme la flûte ?
Vit-on jamais consolateur et amoureux comme la flûte ?
Elle évoque la Voie ensanglantée de l’Amour.
Elle rappelle la passion folle de Majnûn.
D’après Jalal eddin Rumi, poète persan du XIIIe siècle, fondateur de l’ordre
soufi des Mawlawi, plus connu sous le nom de derviches tourneurs.